Grand angle

L’autonomie numérique : une décision à prendre, pas un slogan à afficher

  • Date de l’événement 18 Jul. 2025
  • Temps de lecture min.

L’autonomie numérique ne se décrète pas. Elle se construit avec méthode, lucidité… et engagement.

En février 2025, le président américain a signé un décret en réaction aux mandats d’arrêt de la Cour Pénale Internationale visant des dirigeants israéliens. Le décret prévoit de poursuivre toute personne ou institution fournissant un « soutien financier, matériel ou technologique » à la CPI, basée au Pays-Bas. En juin, une dépêche AP indiquait que certains membres du personnel ne pouvaient plus exercer leur mission - parmi eux, le procureur Karim Khan, qui n’aurait plus accès à sa messagerie Microsoft Outlook…

Depuis des années, les organisations - publiques comme privées - s’interrogent sur la souveraineté des données, l’autonomie des services et l’indépendance logicielle. Ces sujets ne sont pas nouveaux. Ce qui a changé, c’est l’urgence d’agir.

La polarisation autour des conflits régionaux et la radicalisation de la politique étrangère américaine font craindre un « kill switch », cette décision unilatérale de l’administration Trump imposant aux géants de la tech, de Microsoft à AWS en passant par Google, de couper des services fournis à une Europe ultra-dépendante. Selon le rapport Draghi, plus de 75 % des solutions IT utilisées sur le continent proviennent de fournisseurs non-européens.

Dès lors, comment reprendre la main ? 

 

Les outils collaboratifs : l’angle mort de la souveraineté

On parle souvent de cloud souverain. Sur ce point, les choses sont claires : des solutions existent pour héberger les données dans des environnements souverains, hors de portée des juridictions extraterritoriales notamment américaines

En revanche, les outils collaboratifs sont largement absents du débat, alors qu’ils sont au cœur des opérations. Messagerie, visioconférence, gestion documentaire… ces plateformes structurent nos organisations. Ce sont des outils critiques, qui exposent l’ensemble de l’organisation et méritent une vigilance maximale.

Pour les entreprises privées, il s’agit d’une opportunité unique de reprendre le contrôle, d’affirmer leur autonomie et de renforcer leur résilience. Pour les administrations publiques, et plus largement pour tous les acteurs assurant des missions essentielles - énergie, infrastructures, santé - la souveraineté numérique n’est pas une option : c’est une responsabilité.

Après le Schleswig-Holstein, en Allemagne, qui a annoncé vouloir se détourner progressivement des logiciels Microsoft, c’est au tour du Danemark de suivre cette voie. La ville de Copenhague a fait savoir qu’elle souhaitait renoncer aux services cloud de Microsoft, tandis que la ministre Danoise du Numérique a indiqué que son propre ministère passerait à l’open source, tout comme la Ville de Lyon.

Des signaux forts. Mais qui mettent en lumière un dilemme connu : comment quitter des solutions performantes, intégrées, utilisées depuis 20 ans, sans perdre en efficacité ? La décision est difficile à prendre. Et la réponse commence par un diagnostic clair.

 

Auditer pour décider

Chez Smile, nous avons conçu une méthode permettant aux institutions et aux entreprises de mesurer leur niveau de dépendance et de définir une trajectoire vers plus d’autonomie. Elle s’appuie sur deux outils :

  • Une matrice de dépendance pour repérer les points sensibles : applications métiers, fournisseurs cloud, outils collaboratifs, localisation des données…
  • Les tech radars pour cartographier les alternatives, notamment open source, en prenant en compte les processus métiers, l’expérience utilisateur, la criticité des données…
  • L'élaboration d’une feuille de route avec des étapes claires et des recommandations technologiques réalistes pour passer de la dépendance à l’autonomie.

 

Le vrai défi : la conduite du changement

Mais soyons honnêtes : la partie technique n’est pas la plus difficile car les solutions logicielles existent. Au-delà d’un changement d’outils, c’est une révolution culturelle qui s’annonce. Et tout se joue dans la conduite du changement.

Cela impose un pilotage stratégique, au plus haut niveau, guidé par 4 priorités concrètes : 

  • Sensibiliser les équipes aux enjeux de dépendance et de résilience,
  • Former aux nouveaux outils et processus
  • Remettre à plat la politique d’achat et les pratiques contractuelles
  • Installer une gouvernance capable d’aligner la vision, la technique et le terrain

 

Construire ensemble, avec maîtrise et conviction

L’autonomie numérique ne se décrète pas. Elle se construit. Avec méthode, avec lucidité, avec engagement. Il est temps de franchir le pas et de prendre conscience que l’Europe a tous les atouts pour réussir : talents, écosystème tech, innovation, esprit collaboratif.

Chez Smile, nous portons cette ambition depuis 30 ans. Nous concevons des solutions ouvertes, performantes, pérennes. Notre approche repose sur l’open source, mais surtout sur l’idée que chaque organisation doit pouvoir choisir ses technologies, sans compromis sur l’exigence ni sur l’expérience utilisateur.

L’autonomie numérique, c’est maintenant et c'est un choix. C'est concret et possible. Contactez-nous dès aujourd’hui !

Jean-Philippe_Balanca

Jean-Philippe Balança

Directeur Smile International et cofondateur du Consortium Européen de l'Open Source